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− | On connaissait les gens du plateau et je pense qu'il y avait pas mal de virulents, les jeunes qui arrivaient sur le chantier étaient un p'tit peu poussés à s'engager, nous, de toute
| + | ''Les jeunes qui arrivaient sur le chantier étaient un p'tit peu poussés à s'engager, nous, de toute façon quand on sortait des apprentis, on avait des réunions avec tous les syndicats, officielles de façon à nous faire prendre notre carte à l'un ou l'autre, c'était très surprenant.'' |
− | façon quand on sortait des apprentis, on avait des réunions avec tous les syndicats, officielles | + | |
− | de façon à nous faire prendre notre carte à l'un ou l'autre, c'était très surprenant. | + | ''Les jaunes, c'était la sanction (rires) et on faisait des tours d'ateliers, en général, valait mieux être en grève. Ce n'était pas très bien vu de ne pas être en grève. Je n'ai jamais vu quelqu'un refuser les avancées des grèves, j'ai vu des gens critiquer les grèves mais je n'ai jamais vu quelqu'un dire « moi finalement, l'augmentation qu'il y a eu, je ne la prendrai pas»'' |
− | Les jaunes, c'était la sanction (rires) et on faisait des tours d'ateliers, en général, | + | |
− | valait mieux être en grève. Ce n'était pas très bien vu de ne pas être en grève. Je n'ai jamais | + | ''Dans un contexte comme ça, c'est plus dur de ne pas faire grève à la limite que de faire grève, c'est, en fin de compte c'est vachement facile de, entre guillemets d'être syndiqué que de dire « ben non, je ne suis pas d'accord, je n'ai pas envie » vous savez quand, moi je me suis vu venir bosser et voir quatre cents personnes passer devant votre bureau et ouvrir la porte et donc c'est vrai c'est plus facile d'être dans le groupe de 400 personnes.'' |
− | vu quelqu'un refuser les avancées des grèves, j'ai vu des gens critiquer les grèves mais je n'ai | + | |
− | jamais vu quelqu'un dire « moi finalement, l'augmentation qu'il y a eu, je ne la prendrai pas» | + | Les personnes interviewées parleront également de conduite de Grenoble qui consistait à blâmer les non grévistes. |
− | En effet, qu'ils soient grévistes ou non, syndiqués ou non, tous les ouvriers des ateliers
| + | |
− | percevaient les bénéfices de l'action syndicale, ainsi certains, n'avaient aucun intérêt
| + | Tout se passait donc comme si l'adhésion était obligatoire. Rester en dehors du syndicat était ainsi considéré comme une conduite anormale et moralement répréhensible, il y avait véritablement à l'arsenal de Brest, une intériorisation de la culture syndicale. Nous disions tout à l'heure que l'adhésion se faisait à la sortie de l'école d'apprentissage, l'éducation syndicale se faisait également par les plus anciens, les matelots, en effet à moins d'avoir au préalable des convictions syndicales et politiques, la plupart du temps le choix du syndicat se faisait sous l'influence de son matelot. |
− | personnel à s'associer à l'action collective qui représentait un coût (prix de la cotisation,
| + | |
− | diminution du salaire en cas de grève, conflit avec la hiérarchie...).
| + | ''À une époque où de toute manière on n'avait pas le choix, dès qu'on arrivait sur le monde du travail, dans les quarante huit heures, on était syndiqué, et on était syndiqué au même syndicat que son matelot, si déjà vous vouliez que ça se passe bien'' |
− | D'ailleurs, on peut noter que la plupart des gens interviewés, qui ont été syndicalistes avec
| + | |
− | d'importantes responsabilités, sont restés ouvriers d'Etat voire techniciens à statut ouvrier.
| + | Un grand nombre d'ouvriers de l'arsenal, venaient des campagnes environnantes, il faut également souligner le fait que la plupart de ces jeunes adhéraient davantage à la CFTC du fait de leurs croyances religieuses. La Jeunesse ouvrière chrétienne fut créée en 1928. |
− | Les gens qui n'étaient pas syndiqués, y en avait pas beaucoup ou alors ils se
| + | |
− | cachaient, on les appelait les « jaunes »
| + | Lancer la JOC dans le Finistère en faisant l'impasse sur Brest eût été impensable. Brest est en effet avec ses 79000 habitants, la grande ville du département. C'est également le principal centre industriel grâce surtout à son arsenal d'Etat qui construit et répare les navires de guerre, à l'aide des forges et fonderies complétées par des ateliers de chaudronnerie, d'ajustage, de montage (...) il est donc inévitable que la JOC tente sa chance dans cette ville ouvrière qui semble si bien correspondre à ses objectifs conquérants.(Huard Jacques, La jeunesse ouvrière chrétienne dans le Finistère des origines à 1939, Maîtrise d'histoire, |
− | Dans un contexte comme ça, c'est plus dur de ne pas faire grève à la limite que de | + | 1990, page 8) |
− | faire grève, c'est, en fin de compte c'est vachement facile de, entre guillemets d'être syndiqué | + | |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| + | La JOC avait pour mission de mobiliser les jeunes apprentis, selon un extrait du bulletin paroissial de Carhaix (Voix de Saint Tremeur, janvier 1937). |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
| + | |
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| + | « Elle prépara d'abord le jeune apprenti à sa vie d'ouvrier par des causeries sur les métiers, sur la grandeur du travail, sur la conscience professionnelle...Lorsque le jeune travailleur avance dans sa vie d'atelier, elle l'encourage à bien apprendre son métier et à ne pas se laisser entraîner dans des travaux de manoeuvres, souvent nuisibles à la formation professionnelle » |
− | que de dire « ben non, je ne suis pas d'accord, je n'ai pas envie » vous savez quand, moi je | + | Ainsi la JOC participait grandement à la construction d'une identité professionnelle ainsi qu'à un sentiment de fierté et de reconnaissance sociale chez les futurs ouvriers. D'ailleurs son slogan était « sois fier ouvrier » |
− | me suis vu venir bosser et voir quatre cents personnes passer devant votre bureau et ouvrir la | + | |
− | porte et donc c'est vrai c'est plus facile d'être dans le groupe de 400 personnes. | |
− | Les personnes interviewées parleront également de conduite de Grenoble qui consistait à | |
− | blâmer les non grévistes. | |
− | Tout se passait donc comme si l'adhésion était obligatoire. Rester en dehors du syndicat était | |
− | ainsi considéré comme une conduite anormale et moralement répréhensible, il y avait | |
− | véritablement à l'arsenal de Brest, une intériorisation de la culture syndicale. Nous disions | |
− | tout à l'heure que l'adhésion se faisait à la sortie de l'école d'apprentissage, l'éducation | |
− | syndicale se faisait également par les plus anciens, les matelots, en effet à moins d'avoir au | |
− | préalable des convictions syndicales et politiques, la plupart du temps le choix du syndicat se | |
− | faisait sous l'influence de son matelot. | |
− | À une époque où de toute manière on n'avait pas le choix, dès qu'on arrivait sur le | |
− | monde du travail, dans les quarante huit heures, on était syndiqué, et on était syndiqué au | |
− | même syndicat que son matelot, si déjà vous vouliez que ça se passe bien | |
− | Les mouvements ouvriers étaient très importants, et se généralisaient à l'ensemble de
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− | l'arsenal, ceci paralysait alors tout le fonctionnement de l'enceinte, une personne qui était
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− | alors chargée des centrales électriques en parle :
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− | Les mouvements étaient très bien suivis. Moi, je vous dis c'est un peu particulier parce
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− | que j'ai dû affronter, bien qu'étant syndiqué moi-même, j'étais quand même tenu d'assurer
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− | un service minimum puisque c'était dans le contrat. Ça a même été difficile à l'île longue
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− | pour certaines grèves. Y avait des piquets de grèves qui bloquaient, l'île longue, c'est facile à
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− | bloquer, bloquer Jean Bart et bloquer par la terre, par l'extrémité, l'île longue c'est bloqué.
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− | Donc les gens étaient remontés, les piquets de grève remontés à bloc, rien à faire. Donc il y a
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− | des gens de chez moi qui ont fait plusieurs jours de quart comme les remplaçants ne
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− | pouvaient pas rentrer, ils étaient coincés, donc au lieu de faire douze heures, donc y en a qui
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− | ont fait quarante huit heures, voire plus. L'arsenal principal était complètement bloqué, où
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− | les portes et pour faire rentrer les gens de quart, ou un ou deux cadres comme moi qui étaient
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− | réquisitionnés, j'étais obligé de connaître toutes les astuces possibles et inimaginables, par la
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− | préfecture maritime, par des coins inimaginables, qu'il n'y a que moi qui connaissais. Je vous
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− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
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− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
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− | assure, j'ai connu des trucs où les gens avaient peur, y en qui se sont faits cracher dessus et
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− | pousser, alors qu'ils n'y étaient pour rien, parce que personne ne travaillait, c'était vraiment
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− | une grève qui était dure et sans doute justifiée, y en a eu plusieurs.
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− | Donc moi la CGT, on était deux ou trois simplement, les autres ils étaient presque tous
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− | passés à la CFTC, moi j'ai eu ma carte à la CFTC parce que mon père l'avait prise pour moi,
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− | je lui dis « mais moi, je ne veux pas aller là », il me dit « mais c'est mieux parce que tu seras
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− | mieux vu », enfin bon c'était comme ça, moi j'ai pris à la CGT, mais je n'ai rien fait, j'étais
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− | juste syndiqué comme ça mais on était tous, on trouvait ça tout à fait normal et même non
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− | seulement normal mais nécessaire, ils ne nous arrachaient pas l'adhésion, si vous voulez,
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− | mais on aurait voulu que ce soit un geste que nous fassions nous-mêmes malgré tout, parce là
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− | on nous poussait un peu aux fesses, il faut dire.( Personne rentrée dans les ateliers en 1959)
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− | D'autres personnes interviewées parleront de l'importance qui était reconnue aux
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− | syndicalistes, ils étaient mis, en quelque sorte, sur un piédestal du fait de leur instruction.
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− | Il y a eu une période où c'est vrai que la DCN, l'arsenal, on va dire plutôt, c'étaient
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− | des gens qui venaient de la campagne qui savaient à peine lire et écrire et c'est vrai que la
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− | personne qui faisait partie du syndicat avait un peu plus d'instruction et vis-à-vis de ces gens
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− | c'était quelqu'un de bien, lui il savait écrire, il savait parler donc, donc si lui il a dit....
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− | (...) parce que là c'était ça, il faut un mec pour prendre les cotisations et tout ça alors moi
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− | j'avais de l'instruction par rapport aux autres à l'époque donc je mets mon nom, je ne mets
| |
− | pas mon nom mais on me dit « toi tu serais bien, tu sais écrire et tout ça »
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− | D'autant plus qu'un grand nombre d'ouvriers de l'arsenal, venaient des campagnes
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− | environnantes, il faut également souligner le fait que la plupart de ces jeunes adhéraient | |
− | davantage à la CFTC du fait de leurs croyances religieuses. La Jeunesse ouvrière chrétienne | |
− | fut créée en 1928. | |
− | Lancer la JOC dans le Finistère en faisant l'impasse sur Brest eût été impensable. Brest est | |
− | en effet avec ses 79000 habitants, la grande ville du département. C'est également le | |
− | principal centre industriel grâce surtout à son arsenal d'Etat qui construit et répare les | |
− | navires de guerre, à l'aide des forges et fonderies complétées par des ateliers de | |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
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− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
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− | chaudronnerie, d'ajustage, de montage (...) il est donc inévitable que la JOC tente sa chance | |
− | dans cette ville ouvrière qui semble si bien correspondre à ses objectifs conquérants.47 | |
− | La JOC avait pour mission de mobiliser les jeunes apprentis, selon un extrait du bulletin | |
− | paroissial de Carhaix (Voix de Saint Tremeur, janvier 1937). | |
− | « Elle prépara d'abord le jeune apprenti à sa vie d'ouvrier par des causeries sur les métiers, | |
− | sur la grandeur du travail, sur la conscience professionnelle...Lorsque le jeune travailleur | |
− | avance dans sa vie d'atelier, elle l'encourage à bien apprendre son métier et à ne pas se laisser | |
− | entraîner dans des travaux de manoeuvres, souvent nuisibles à la formation professionnelle » | |
− | Ainsi la JOC participait grandement à la construction d'une identité professionnelle ainsi qu'à | |
− | un sentiment de fierté et de reconnaissance sociale chez les futurs ouvriers. D'ailleurs son | |
− | slogan était « sois fier ouvrier » | |
| Vient ensuite la formation d'un esprit revendicatif, syndical. | | Vient ensuite la formation d'un esprit revendicatif, syndical. |
− | « L'objectif de la JOC est de former des chefs pour l'action syndicale, afin que la CFTC, vive, | + | |
− | progresse, et devienne assez puissante pour créer une organisation du travail qui ne soit plus | + | « L'objectif de la JOC est de former des chefs pour l'action syndicale, afin que la CFTC, vive, progresse, et devienne assez puissante pour créer une organisation du travail qui ne soit plus païenne, mais chrétienne. Alors nos ateliers seront plus humains » |
− | païenne, mais chrétienne. Alors nos ateliers seront plus humains »48 | + | |
− | Ainsi la JOC déployait d'importants moyens pour former de futurs syndicalistes, notamment | + | Ainsi la JOC déployait d'importants moyens pour former de futurs syndicalistes, notamment au niveau de la prise de parole, de l'organisation et de la prise de responsabilités. |
− | au niveau de la prise de parole, de l'organisation et de la prise de responsabilités. | + | '' |
− | À ce moment là il y avait la CFTC donc en 48-49, y avait la JAC, y avait la JOC, bon | + | À ce moment là il y avait la CFTC donc en 48-49, y avait la JAC, y avait la JOC, bon tous les jeunes ouvriers, tous les jeunes qui venaient de la campagne, qui étaient jocistes ou qui étaient jacistes, ces jeunes là adhéraient dans les mouvements chrétiens comme on dit, c'était donc la CFTC'' |
− | tous les jeunes ouvriers, tous les jeunes qui venaient de la campagne, qui étaient jocistes ou | + | |
− | qui étaient jacistes, ces jeunes là adhéraient dans les mouvements chrétiens comme on dit, | + | ''Brest comme les autres gamins de Brest, d'abord je suis de l'école publique, je vis au Bouguen pendant un temps, après à Lanrédec, c'est des quartiers de l'arsenal, quand les gars faisaient grève, on savait qui, vous comprenez. |
− | c'était donc la CFTC | + | A priori, je n'étais pas né pour être à la CGT, la CGT, à l'époque, quand on est sorti des arpètes, c'était assimilé à communiste, pays de l'est, ça balançait pas mal alors que moi, je me suis rendu compte depuis que ce n'était pas ça du tout.'' |
− | Par contre dans les ateliers, il y avait une pléiade de militants, alors, eux, ils faisaient
| + | |
− | le boulot, je crois que c'est surtout que la pression s'exerçait sur des gamins qui
| + | Nous pouvons dire que la paysage syndical à l'arsenal de Brest à l'instar de celui de la France, est très éclaté sûrement du fait de l'origine des deux plus importants syndicats, la CGT et la CFDT, d'autant plus que l'arsenal de Brest compte également des syndicats autonomes, la FADN, le syndicat des chefs d'équipe ainsi que la CGC, syndicat des cadres. |
− | majoritairement de ma promo, sortaient quand même de la Croix Rouge. Donc, ils étaient
| + | |
− | plus malléables que d'autres, et en plus le recrutement cessait d'être urbain pour devenir un
| + | La CGT issue d'une tradition anarcho syndicaliste faisait du syndicat le noyau dur d'une contre société alors que la CFDT, syndicat réformiste avait des ambitions plus modestes et a été largement influencée par la doctrine chrétienne. |
− | peu paysan, ça compte la culture rurale, dans ma promo, il y avait beaucoup de gars qui
| + | |
− | venaient de Saint Renan, de Bourg Blanc, de Lannilis, donc ils avaient une culture paysanne,
| + | La CFDT est issue du catholicisme social alors que la CGT est davantage issue du mouvement ouvrier. Sûrement du fait du couplage de la CGTU et du PCF à un moment de l'histoire syndicale, ainsi que d'un certain alignement sur les positions du PCF et en particulier sur la question de la paupérisation de la classe ouvrière, la CGT a souvent été assimilée au parti communiste, elle était d'ailleurs synonyme de « communisme syndical », un fait qui était amplifié durant la guerre froide |
− | ils n'avaient pas une culture ouvrière et en plus dans le Léon, ce n'était pas quand même des
| + | |
− | révolutionnaires, mais c'est des gamins qui n'avaient pas de culture, moi, comme je suis de
| + | ''À l'arsenal, les gars comme moi (membres de la CGT), nous, on était soupçonné de faire, c'était la guerre froide, alors on était soupçonné de travailler pour les russes, on était aussi soupçonné de donner un coup de main à tous les mouvements à Diego Suarez, un peu partout, à Alger, à Dakar,...'' |
− | 47 Huard Jacques, La jeunesse ouvrière chrétienne dans le Finistère des origines à 1939, Maîtrise d'histoire,
| + | |
− | 1990, page 8
| + | ''Si on remonte à quelques dizaines d'années, CGT c'était le parti communiste, moi j'ai été à la CGT et je n'ai jamais approché de près ou de loin, ni été approché de près ou de loin par le parti communiste, c'est pas vrai, il n'y a pas que, bien sûr qu'il y en a. Beaucoup de gens de l'arsenal et des campagnes restent un peu traditionalistes, n'aiment pas beaucoup et puis il y a eu toujours le mythe des rouges, c'est pareil les pays de l'est, le mur de Berlin, y a toujours eu cet aspect ruralité de notre coin ici de la Bretagne, et donc petit à petit, la CFDT s'est imposée un peu ici et elle est toujours d'ailleurs à l'arsenal de Brest, en |
− | 48 Ibid page 107
| + | position.'' |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| + | |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
| + | En effet, la CGT, en raison de son réalignement sur le PCF en 1978 et donc de sa politisation et de sa caution apportée à l'URSS jusqu'à la fin a rendu certains adhérents plus méfiants d'autant plus que la division entre les syndicats se faisait de plus en plus ressentir. |
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| + | |
− | Brest comme les autres gamins de Brest, d'abord je suis de l'école publique, je vis au
| + | |
− | Bouguen pendant un temps, après à Lanrédec, c'est des quartiers de l'arsenal, quand les gars
| + | ''Le plateau c'était le coeur, le plateau, c'était quand même quelque chose de fort au niveau militantisme, les gars c'étaient des virulents'' |
− | faisaient grève, on savait qui, vous comprenez.
| + | |
− | A priori, je n'étais pas né pour être à la CGT, la CGT, à l'époque, quand on est sorti
| + | ''C'était la CGT, c'était notre marbre (...) je pense aussi que le déménagement du plateau les a soulagés un peu de ce point de vue là parce qu'on descendait très vite, dès qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas, on descendait (...) ça avait un impact énorme, énorme quand on descendait à la direction, c'était, « le plateau descend » c'était assez animé.'' |
− | des arpètes, c'était assimilé à communiste, pays de l'est, ça balançait pas mal alors que moi,
| + | |
− | je me suis rendu compte depuis que ce n'était pas ça du tout. Donc, moi j'étais à la CFDT
| + | ''C'était surtout le marbre là où avaient lieu les rassemblements, les manifestations et d'où partaient les manifestations, les délégués syndicaux montaient dessus (...) C'était très particulier, donc on avait des affichettes mises un peu partout, donc rassemblement à telle heure au marbre. Nous la chaud', les machines, tout ça, c'était au marbre, les délégués montaient sur le marbre et puis haranguaient les gens et puis bon après, ça partait souvent en manifestation, donc on descendait jusqu'à la direction, on descendait la rampe des Capucins tous ensemble jusqu'à la direction pour passer dans les bureaux et puis faire un peu de bruit, un peu déranger les gens. Y a beaucoup de manifestations qui venaient des machines, venaient du plateau parce c'était vraiment là qu'il y avait le plus de virulents sans doute donc ils avaient l'habitude et quand ça partait du plateau « oh combien de temps ç ava durer ? » et ça pouvait barder, c'est vrai.'' |
− | parce que j'ai fait la JOC avant, le parcours c'était après JOC, CFDT, mais jusqu'en 84 où
| + | |
− | Edmond Maire a dit que la lutte des classes c'était fini et là j'ai dit ben « au revoir la
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− | CFDT » et depuis je ne regrette pas.
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− | Nous pouvons dire que la paysage syndical à l'arsenal de Brest à l'instar de celui de la France,
| |
− | est très éclaté sûrement du fait de l'origine des deux plus importants syndicats, la CGT et la
| |
− | CFDT, d'autant plus que l'arsenal de Brest compte également des syndicats autonomes, la
| |
− | FADN, le syndicat des chefs d'équipe ainsi que la CGC, syndicat des cadres.
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− | La CGT issue d'une tradition anarcho syndicaliste faisait du syndicat le noyau dur d'une
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− | contre société alors que la CFDT, syndicat réformiste avait des ambitions plus modestes et a
| |
− | été largement influencée par la doctrine chrétienne.
| |
− | La CFDT est issue du catholicisme social alors que la CGT est davantage issue du
| |
− | mouvement ouvrier. Sûrement du fait du couplage de la CGTU et du PCF à un moment de
| |
− | l'histoire syndicale, ainsi que d'un certain alignement sur les positions du PCF et en | |
− | particulier sur la question de la paupérisation de la classe ouvrière, la CGT a souvent été
| |
− | assimilée au parti communiste, elle était d'ailleurs synonyme de « communisme syndical »,
| |
− | un fait qui était amplifié durant la guerre froide
| |
− | À l'arsenal, les gars comme moi (membres de la CGT), nous, on était soupçonné de
| |
− | faire, c'était la guerre froide, alors on était soupçonné de travailler pour les russes, on était
| |
− | aussi soupçonné de donner un coup de main à tous les mouvements à Diego Suarez, un peu
| |
− | partout, à Alger, à Dakar,...
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− | Si on remonte à quelques dizaines d'années, CGT c'était le parti communiste, moi j'ai
| |
− | été à la CGT et je n'ai jamais approché de près ou de loin, ni été approché de près ou de loin
| |
− | par le parti communiste, c'est pas vrai, il n'y a pas que, bien sûr qu'il y en a. Beaucoup de
| |
− | gens de l'arsenal et des campagnes restent un peu traditionalistes, n'aiment pas beaucoup et
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− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
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− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
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− | puis il y a eu toujours le mythe des rouges, c'est pareil les pays de l'est, le mur de Berlin, y a
| |
− | toujours eu cet aspect ruralité de notre coin ici de la Bretagne, et donc petit à petit, la CFDT s'est imposée un peu ici et elle est toujours d'ailleurs à l'arsenal de Brest, en
| |
− | position.
| |
− | En effet, la CGT, en raison de son réalignement sur le PCF en 1978 et donc de sa politisation
| |
− | et de sa caution apportée à l'URSS jusqu'à la fin a rendu certains adhérents plus méfiants | |
− | d'autant plus que la division entre les syndicats se faisait de plus en plus ressentir.
| |
− | L'activité syndicale et les ateliers des Capucins
| |
− | Le plateau c'était le coeur, le plateau, c'était quand même quelque chose de fort au
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− | niveau militantisme, les gars c'étaient des virulents
| |
− | Je suis un peu surpris de voir l'importance qui est donnée dans le devenir du plateau comme
| |
− | si l'action syndicale était la seule chose la preuve, ce qui est maintenu, c'est des éléments
| |
− | fondamentaux comme le marbre, un syndicaliste montait pour haranguer les foules, lorsqu'il
| |
− | y avait arrêts de travail, hop tout le monde se rassemblait autour du marbre. Mais ce n'est
| |
− | pas que ça, l'atelier chaudronnerie ou l'atelier machines, ça a été, des milliers de gens qui
| |
− | ont produit des beaux objets pour faire des machines qui ont navigué.
| |
− | Le grand marbre, c'était vraiment le point de ralliement syndical, c'est là-dessus que
| |
− | montaient les leaders qui haranguaient la foule. Moi j'ai une p'tite histoire, on a fait une
| |
− | visite de BMO et on les avait accueillis avec le directeur, le samedi matin, on a fait la visite
| |
− | Le grand marbre, René Tanguy, 2004
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− | © Brest Métropole Océane
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− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
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− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
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− | pour montrer les locaux, et j'étais arrivé un peu avant avec mon accordéon et je me suis
| |
− | installé sur le marbre et j'ai joué de l'accordéon et c'était assez impressionnant parce qu'il y
| |
− | a une acoustique assez extraordinaire, c'était faire un p'tit clin d'oeil en disant « tiens ça
| |
− | mériterait », voilà le marbre, , il a servi pour les luttes et il a une histoire, il peut servir pour
| |
− | autre chose
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− | C'était la CGT, c'était notre marbre (...) je pense aussi que le déménagement du
| |
− | plateau les a soulagés un peu de ce point de vue là parce qu'on descendait très vite, dès qu'il
| |
− | y avait quelque chose qui n'allait pas, on descendait (...) ça avait un impact énorme, énorme
| |
− | quand on descendait à la direction, c'était, « le plateau descend » c'était assez animé.
| |
− | Souvent c'était au moment de l'avancement, nous, on trouvait qu'il n'y avait jamais assez de
| |
− | postes, donc on descendait tous les ans pour aller chercher des postes. « Avancement c'est
| |
− | pour quand ?!!! » « Avancement plus de postes !!! ».
| |
− | Le plateau a toujours eu un esprit revendicatif et surtout la chaudronnerie,(...) y avait
| |
− | un ministre qui était venu à Brest, il passait la Penfeld, il avait été obligé de foutre le camp
| |
− | parce qu'il avait reçu des boulons, les mecs de la chaud', là haut là, ils balançaient des
| |
− | boulons sur les clients en bas
| |
− | C'était surtout le marbre là où avaient lieu les rassemblements, les manifestations et
| |
− | d'où partaient les manifestations, les délégués syndicaux montaient dessus (...) C'était très
| |
− | particulier, donc on avait des affichettes mises un peu partout, donc rassemblement à telle
| |
− | heure au marbre. Nous la chaud', les machines, tout ça, c'était au marbre, les délégués
| |
− | montaient sur le marbre et puis haranguaient les gens et puis bon après, ça partait souvent en
| |
− | manifestation, donc on descendait jusqu'à la direction, on descendait la rampe des Capucins
| |
− | tous ensemble jusqu'à la direction pour passer dans les bureaux et puis faire un peu de bruit,
| |
− | un peu déranger les gens. Y a beaucoup de manifestations qui venaient des machines,
| |
− | venaient du plateau parce c'était vraiment là qu'il y avait le plus de virulents sans doute donc
| |
− | ils avaient l'habitude et quand ça partait du plateau « oh combien de temps ç ava durer ? » et
| |
− | ça pouvait barder, c'est vrai.
| |
− | .
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− | On pourrait expliquer cette importante activité syndicale au plateau des Capucins en raison de
| |
− | son emplacement géographique. En effet, les ateliers des Capucins étaient un endroit fermé
| |
− | sur le reste de l'arsenal, ainsi des solidarités ont pu se créer et un noyau dur syndical s'est
| |
− | alors fabriqué, représenté majoritairement par la CGT. Dans les ateliers, se syndicaliser était
| |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
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| |
− | alors une manière de s'intégrer au collectif de travail et d'adhérer à un esprit d'entreprise.
| |
− | L'action collective était favorisée du fait de la présence sur le lieu de travail d'équipes
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− | syndicales unies et stables d'autant plus que l'identité professionnelle était prégnante dans
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− | l'esprit du personnel.
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− | Le syndicalisme de l'arsenal a été tout au long de son histoire institutionnalisé et faisait partie
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− | intégrante de la vie de l'entreprise, les militants et les permanents syndicaux avaient des
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− | emplois du temps aménagés. Selon certaines entrevues, des bureaux « clandestins » s'étaient
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− | créés sur les lieux de travail afin d'organiser les activités syndicales.
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− | Une aide enfin c'est du vol parce que normalement on n'a pas le droit pendant son
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− | heure de travail de téléphoner avec le téléphone de l'entreprise, de se servir de la
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− | photocopieuse, de prendre le, papier de l'entreprise, de prendre le temps de l'entreprise. Moi
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− | j'en connais, c'était vraiment, au moins une bonne demie journée par semaine, voire plus,
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− | qu'ils prenaient sur leur temps de travail, à tel point qu'il y avait un endroit, que plusieurs
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− | connaissent et dans le bureau, y avait, deux ou trois syndicalistes.
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− | Puis on m'a envoyé dans la salle de dessins mais dans un service annexe c'est-à-dire
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− | où je n'avais jamais de dessins à faire, je n'avais que des paperasses à faire et je faisais des
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− | tracts pour le syndicat ou polycopiait des trucs, j'avais tout ce qu'il fallait pour travailler
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− | On était onze au syndicat mais la plupart était à temps partiel c'est-à-dire qu'on peut
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− | travailler une partie du temps, et le reste du temps on est au syndicat et moi j'avais un quart
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− | temps, ça faisait onze ou douze demies journées par mois, donc qu'il fallait que je répartisse
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− | moi-même et, au gré des besoins soit du syndicat, soit du travail
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− | La plupart des gens qui travaillaient au plateau, faisaient toute leur carrière au plateau et ils
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− | ne connaissaient pas du tout les autres endroits de la DCN, mais avant on arrivait au plateau
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− | et puis on partait en retraite, on ne connaissait que son atelier, on ne connaissait rien d'autre
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− | que le plateau, on connaissait les gens du plateau et puis c'est tout et je pense qu'il y avait
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− | pas mal de virulents, les jeunes qui arrivaient sur le chantier étaient un p'tit peu poussés à
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− | s'engager, nous, de toute façon quand on sortait des apprentis, on avait des réunions
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− | officielles avec tous les syndicats.
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− | Les syndicats jouaient des coudes pour avoir le maximum parce qu'on sortait une centaine
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− | d'apprentis chaque année, ça faisait des effectifs et puis du sang jeune
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− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
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− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
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− | Ce qui a permis la construction de cette solidarité syndicale aux ateliers des Capucins, c'est
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− | principalement ce socle d'identités partagées, en effet chaque individu se sentait alors membre
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− | d'un groupe manifestant des intérêts communs qu'il s'agissait ainsi de défendre.
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− | Lors des restructurations de l'entreprise, et surtout lors du transfert des activités des Capucins,
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− | les syndicats ont connu un déclin relativement important, les effectifs ont baissé de manière
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− | considérable, ceci peut s'expliquer par les départs massifs des personnels et l'arrivée
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− | d'individus partageant une faible culture syndicale. De même, le phénomène sociétal qu'est la
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− | montée d l'individualisme et le repli vers la sphère privée ont largement contribué à la baisse
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− | d'adhésions syndicales. Il faut également préciser que lors du transfert, les personnes ont été
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− | réparties dans différents ateliers ce qui a engendré des distanciations.
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− | En fait au plateau il n'y a que la CGT qui a défendu, qui ont vraiment été les derniers
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− | mohicans, avec Luc Tréguer par exemple, qui ont lutté, il n'y avait que la CGT, après Luc
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− | Tréguer était considéré comme,pas un bandit (...) et il était obligé de jouer serré.
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− | Le télégramme 7 juin 2004
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− | Luc Tréguer, syndicaliste de la CGT :
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− | Je ne pense pas que je reviendrai ici après mon départ à la retraite tellement
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− | ça me fait mal de parler de ce gâchis industriel...
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| ''Donc en 2004, on est parti de l'atelier des machines alors l'argument invoqué c'était le schéma directeur industriel, donc qui demandait de recentrer un peu toutes les activités, du côté de Laninon, on l'a très mal vécu, pour nous, ça devait se faire mais ça devait se faire en son temps, ça fait quand même des siècles que ces services là étaient là donc on a un peu mal vécu cette histoire. on ne fonctionnait plus comme un atelier des machines comme on l'entendait, nous, avant, on faisait tout quoi, on faisait tout, on faisait des arbres d'hélice, on ne peut plus faire des arbres d'hélice... après fatalement alors le plateau c'était machines, | | ''Donc en 2004, on est parti de l'atelier des machines alors l'argument invoqué c'était le schéma directeur industriel, donc qui demandait de recentrer un peu toutes les activités, du côté de Laninon, on l'a très mal vécu, pour nous, ça devait se faire mais ça devait se faire en son temps, ça fait quand même des siècles que ces services là étaient là donc on a un peu mal vécu cette histoire. on ne fonctionnait plus comme un atelier des machines comme on l'entendait, nous, avant, on faisait tout quoi, on faisait tout, on faisait des arbres d'hélice, on ne peut plus faire des arbres d'hélice... après fatalement alors le plateau c'était machines, |