Hôtel d'Aché Brest

L'Hôtel d'Aché, ex école du commissariat

Aujourd'hui, la rue Louis Pasteur ne reflète plus les traces du passé brestois comme pouvait le faire son illustre aïeule.

Aux immeubles de notre antique Grande-Rue, mère de la première rue Louis Pasteur, étaient liées les principales images de la mémoire historique, urbaine et humaine de notre cité. Au 65 de cette rue, s'élevait ce que d'aucun nommait l'Hôtel d'Aché ou encore l'Hôtel du Commissariat.

C'est vers 1694 que le comte de Béthune, chef d'escadre, a fait édifier sur une parcelle qu'il venait d'acquérir, le long de l'ancienne corderie,une grande et une petite maisons. Dix ans plus tard, cette demeure est vendue au comte Guillaume d'Aché de Serquigny qui vient d'être nommé Commandant de la Marine à Brest. Bien qu'il n'en soit resté propriétaire que quelques années, jusqu'à son décès, c'est néanmoins ce patronyme qui restera attaché à cet hôtel au cours de l'histoire. Ses héritiers le vendront à la Marine en 1751 pour y loger les commandants du port. Cependant, ces immeubles étaient si petits et si mal distribués, que les jours de réception, on était obligé de répartir les invités dans plusieurs appartements. Le comte de Roquefeuil, lieutenant général des armées navales, fera établir par monsieur Trouille, architecte, au début des années 1780, des travaux d'une assez grande ampleur consistant en la construction d'une chapelle monumentale dans l'arrière-cour du logis donnant sur rue. Depuis cette époque, cet hôtel devient la demeure de l'intendant. Il le restera jusqu'en 1822, où il deviendra Bureau de l'Inscription Maritime.

Le décret impérial du 7 octobre 1863 réorganisant le corps du commissariat de la Marine a crée le cours d'administration des élèves commissaires qui deviendra plus tard l'École du Commissariat de la Marine qui s'installe définitivement à Brest en 1885.

Il est alors composé de trois corps de bâtiments disposés autour d'une cours fermée, l'entrée s'effectuant par une porte cochère.

Les générations de commissaires, qui pendant plus d'un demi-siècle de leur belle jeunesse dans cette rue Louis Pasteur, jadis autant aristocratique que commerçante, où les hôtels anciens de belle facture ne manquaient pas, est peut-être le seul à n'être pas déchu tout à fait des splendeurs passées.

En juin 1940, après avoir libéré la promotion d'élèves commissaires de l'automne 1939 pour échapper aux Allemands, l'école du commissariat déménage pour s'installer à Toulon.

De 1940, date du départ de l'école du Commissariat, jusqu'au déluge de feu qui s'abattit sur Brest en septembre 1944, la vieille Intendance aura eu une dernière vie.

En 1941, le Commissaire en chef de 1ère classe Emmanuel Dujardin, dernier directeur de l'école du commissariat de la Marine de 1934 à 1939, et qui exerçait la fonction de chef du service des approvisionnements de la flotte à Brest, est nommé Directeur de l'intendance maritime à Brest.

Au matin du 1er décembre 1943, à 9h30, le contre-amiral Jean-Louis Négadelle, chef du deuxième arrondissement maritime a pris ses fonctions en remplacement du contre amiral Le Normand. La cérémonie s'est déroulée à la direction de l'Intendance Maritime, 65 rue Louis Pasteur. Le contre-amiral Négadelle fut reçu dans la salle de la Rotonde de l'Intendance Maritime oû lui furent présentés le capitaine de frégate Dauch, chef d'état-major et tous les membres du service ainsi que l'ingénieur des travaux maritimes Estrade, le constructeur des grands abris. Ce dernier avait aussi récemment réalisé clandestinement le souterrain qui reliait les abris de l'arsenal à l'intendance.

Le lundi 7 août 1944, l'état de siège est décrété par les Allemands. Négadelle courant de grands risques personnels, licencie l'Arsenal, les ouvriers et les cadres soustraits à l'emprise allemande. L'accès à l'arsenal lui étant dès lors interdit, il a été tué le 25 août 1944à 17h15, par un éclat d'obus, rue Klébert.

L'ex hôtel d'Aché, rentré dans l'histoire comme <<l'Intendance Maritime>>, n'est plus dès lors, comme tous les immeubles brestois, qu'une ruine qui sera rasée et disparaîtra dans le comblement de la rue Louis Pasteur.

Historique de Gérard Cissé